Promotion pour les juristes

Les juristes fédéraux ont de nombreuses possibilités de faire carrière. Les chances sont particulièrement bonnes dans les entreprises du domaine du droit économique. [16.10.2007]

En Suisse, les juristes ont de nombreuses possibilités de monter en grade. Ce sont surtout les juristes s’y connaissant bien en droit économique qui ont de bonnes perspectives. « Le droit des sociétés et le droit des contrats offrent des chances particulièrement bonnes », nous dit Peter A. Vollenweider, directeur de l’institut de droit de l’université de Zurich. Mais les exigences deviennent de plus en plus grandes.

On demande de plus en plus le brevet d’avocat

De plus en plus de services administratifs et d’entreprises exigent le brevet d’avocat que les juristes obtiennent après la licence ou après le master et un stage de un à trois ans. « C’est une sorte de critère de sélection », remarque Vollenweider. « Je trouve cela superflu et dommage de l’exiger même des greffiers. »

Les avantages du diplôme de master

En plus du brevet d’avocat, c’est surtout le diplôme LL.M. (master of laws) qui améliore les chances de monter en grade - surtout quand il a été obtenu à l’étranger. « Un diplôme obtenu en Grande-Bretagne, aux USA ou en Australie a entre autre aussi la fonction d’une preuve de langue étrangère », nous dit Marc A. Hermann, associé de l’entreprise de consulting Lawyer Consultants à Reinach. Celui-ci montre que le porteur du titre maîtrise la langue juridique.

« Une personne qui parle un anglais professionnel, par exemple parce que c’est sa langue maternelle, devrait plutôt passer le LL.M. dans un pays de langue différente », conseille-t-il - par exemple à Madrid. Même si le LL.M. de Zurich est excellent. « Sinon, vous devez donner de très bonnes raisons telles que des obligations familiales ou professionnelles expliquant pourquoi vous n’avez pas acquis le titre à l’étranger. »

Cabinet d’avocats : promotion au grade d’associé

En plus de l’activité indépendante dans un cabinet personnel, les avocats en CDI dans les grands cabinets d’avocats peuvent s’élever dans la hiérarchie et passer du « Associate » au « Partner ». « En Suisse, ce n’est pas encore si dur qu’en Allemagne pour les jeunes avocats de devenir partenaire », nous dit Hermann. « Dans notre cabinet, les avocats peuvent devenir partenaires après environ six ans », raconte Eric Stupp, porte-parole du cabinet zurichois Bär & Karrer, lequel compte en ce moment 33 partenaires. A peu près un ou deux nouveaux partenaires arrivent en plus chaque année. « Dans beaucoup de cabinets, les avocats ont le choix entre devenir partenaire avec ou sans parts de l’entreprise », raconte Hermann.

Liste d’attente dans l’administration : jamais plus de trois ans

On trouve également diverses possibilités de promotion dans la fonction publique. Les exigences dépendent de la carrière souhaitée, mais aussi du canton. Celui qui veut devenir juge commence sa carrière la plupart du temps en tant que greffier avant de pouvoir prendre les fonctions d’un juge. Toutefois, les postes de juges sont attribués dans toute la Suisse d’après la proportion des partis. « Les juges sans étiquette politique sont une exception », nous dit Vollenweider. D’après lui, la voie allant à la chaire du procureur mène par les autorités de vérification ou le ministère public lui-même. « Quand un poste est vacant, les juristes peuvent y avancer », dit-il. Mais même pour les procureurs, la « bonne » carte du parti n’est pas sans importance. « Mais elle est loin de jouer un rôle aussi important que pour les juges », nous dit Vollenweider.

Celui qui accepte un poste dans l’administration afin de recueillir rapidement de l’expérience professionnelle et de gagner de l’argent doit faire attention s’il veut à l’origine se tourner vers un autre domaine. « Après trois ans passés dans la fonction publique, on n’est plus très intéressant pour les autres domaines. » Dans l’administration - chez la police, les services d’hygiène et le bureau du service social - l’avancement et les augmentations de salaire se font d’après le travail fourni.

Beaucoup de tâches juridiques dans les entreprises

C’est justement dans les grandes entreprises que les possibilités d’avancement sont bonnes. Les banques et les assurances ont des départements juridiques spécialisés dans leur matière. Il y a souvent une unité centrale s’occupant de domaines tels que le droit des actions, le droit du bilan ou le droit des sociétés pour toute l’entreprise. D’autres se concentrent sur des domaines juridiques qui sont importants pour la banque privée ou la banque d’investissement. Là, les juristes peuvent acquérir des connaissances spécialisées. Dans ce qu’on appelle des départements de compliance, de nombreux juristes s’occupent de l’observation des prescriptions juridiques, surtout dans la branche financière, mais aussi dans les entreprises cotées en bourse. En revanche, on trouve rarement des départements juridiques dans l’industrie.

Le passage au management est possible

Il est sûrement bon pour la carrière dans le secteur privé que les experts juridiques internes travaillent souvent en coopération étroite avec le conseil d’administration ou la direction. Particulièrement utile à la promotion est l’expérience de projets, nous dit Hermann. « Cela est surtout utile pour un grand mandat, par exemple comme l’achat d’une entreprise pour laquelle le juriste s’est occupé d’un domaine spécifique de façon autonome.»

Comme pour les diplômés des écoles d’ingénieur, la voie de la carrière dans le management est ouverte aux juristes dans les entreprises. Celui qui s’y intéresse devrait apporter, en plus d’un intérêt général pour les questions économiques, de bonnes connaissances générales du droit d’économie, c’est ce que conseillent les auteurs André Niedostadek et Jörg-Christian Lorenz. Mais les juristes devront d’abord travailler cinq à six ans avant d’obtenir les premiers succès en tant que manager. « Pour pouvoir diriger, vous avez avant tout besoin d’expériences humaines », rappelle Hermann.

Hermann considère qu’il est principalement utile d’avoir des activités se rapportant au métier en dehors de son poste, comme par exemple la présidence extra-professionnelle dans un conseil de prud’hommes ou un tribunal arbitral en tant que juge non professionnel.

Carrière universitaire en tant que docteur ou que professeur d’université

Celui qui aspire à une carrière universitaire, devrait en tout cas passer un ou deux semestres Erasmus à l’étranger - ceux-ci sont comptés dans les études. Des qualifications supplémentaires sont également utiles, si elles ne prennent pas trop de temps. La condition pour une thèse est une note finale avec mention très bien. Les juristes avec une note en dessous de 5 ou de 5,5 peuvent faire un doctorat si un professeur se déclare prêt à prendre en charge et à examiner la thèse. Celui qui choisit un sujet d’actualité tel que le droit de l’environnement ou le droit de construction a de bonnes chances d’être cité dans les tribunaux. En revanche, la date de péremption de tels travaux est plus courte que pour un sujet classique. Celui qui veut devenir professeur devrait, après la thèse, se mettre bien au courant d’un deuxième domaine de sujets apparenté. Une habilitation est la condition pour un poste de professeur d’université.

Même si la carrière universitaire ne réussit pas, un titre de docteur ne fait pas de mal - le docteur commence simplement la vie professionnelle deux ou trois ans plus tard. Par contre, le titre de docteur sert de moins en moins en dehors de l’université. Dans les cabinets d’avocats, le diplôme international LL.M. (Master of Laws) le remplace de plus en plus

(Midia Nuri / Bild: Digital Vision)