Embauche : questions épineuses
L’invitation à l’entretien d’embauche est une grande opportunité. Par conséquent, il faut s’y préparer avec soin pour bien réagir aux questions : les plus fréquentes, mais aussi les plus épineuses que votre interlocuteur pourra vous poser.
1) Comment faites-vous face à la critique ?
2) Quelle est la plus grande erreur de votre vie et quelles conséquences en avez-vous tirées ?
4) Quelle serait la plus-value dont bénéficierait l’entreprise en vous embauchant ?
5) Quelles sont les trois grandes qualités qui vous manquent ?
6) Quels sont les livres ayant influencé votre parcours ?
7) Quel est l’effet que je fais sur vous dans cet entretien d’embauche ?
8) Quelle importance accordez-vous à l’argent ?
9) Quelle est la plus grande folie que vous ayez commise ?
11) Vous me semblez avoir trop peu d’expérience pour cet emploi, non ?
12) Qu’est-ce que vous avez fait entre … et … ? (lacunes dans le CV)
Les recruteurs sont spécialement formés à la conduite des entretiens d’embauche. Ils apprennent à interroger le candidat pour découvrir sa personnalité et vérifier dans quelle mesure il répond au profil requis et pourra s’intégrer dans l’entreprise.
Les membres des services de recrutement ont également acquis des techniques destinées à faire sortir le candidat de sa réserve, à le mettre mal à l’aise avec des questions déstabilisantes, voire à provoquer.
Nous vous proposons ici quelques exemples des questions les plus épineuses et vous donnons des conseils pour y répondre.
Recommandations concrètes
Quelle que soit la question que l’on vous pose dans l’entretien d’embauche : gardez votre calme, respirez un bon coup et référez-vous à vos travaux de préparation.
Aussi désagréables ou même épineuses que soient les questions qu’il vous pose, le recruteur ne vise pas (seulement) dans un premier temps à examiner le contenu de vos réponses en détail. Il veut plutôt se rendre compte de votre capacité à faire face au stress et tester les limites de ce que vous "supportez".
1) Comment faites-vous face à la critique ?
Ne répondez pas dans le style : "Cela ne me fait rien du tout". De toute façon, le recruteur ne vous croirait pas. Selon le point incriminé, la personne concernée peut se sentir agressée, voire blessée.
Lorsque vous répondrez à cette question, ne vous avancez en aucun cas sur le terrain de votre vie privée, mais tablez plutôt sur le fait qu’elle se rapporte au domaine professionnel.
Expliquez à votre interlocuteur qu’une critique constructive est toujours utile même si "elle peut dans certains cas être un peu désagréable". Vous lui ferez ainsi comprendre que vous réagissez certes "de façon normale", mais que vous prenez la critique positivement dans la mesure où ceci vous permettra de progresser.
2) Quelle est la plus grande erreur de votre vie et quelles conséquences en avez-vous tirées ?
Attention ! Le recruteur tente de vous entraîner sur un terrain dangereux. Dans un premier temps, n’oubliez pas qu’une sincérité exagérée pourrait être contre-productive. Toutefois, évitez les mensonges !
Au préalable, demandez-vous ce que vous pourriez mentionner comme "erreur". Votre interlocuteur n’attend cependant pas que vous lui racontiez des anecdotes privées, par exemple sur l’achat d’une voiture qui a passé plus de temps chez le garagiste que chez vous.
Son objectif est de savoir si vous êtes capable de porter un jugement critique sur vous-même et comment vous réagissez face à cette question. N’évoquez aucune situation susceptible de se reproduire et de vous faire refaire la même erreur.
A ne pas faire : reporter la responsabilité de l’erreur commise sur une autre personne. Ceci est tout à fait déplacé, même si votre supérieur ou un collègue en partage la responsabilité. Ce qui est important est de montrer que vous assumez vos erreurs.
Clôturez votre réponse en soulevant une perspective positive, c’est-à-dire en soulignant que vous capitalisez sur l’erreur commise et que ceci vous aidera (si possible, à détailler !) pour votre futur emploi.
3) A quelle occasion avez-vous agi récemment à l’encontre d’une consigne ou d’une règle et pour quelle raison ?
Comme pour la question précédente, le recruteur ne veut pas vraiment savoir si vous avez brûlé un feu rouge il y a trois jours. C’est tout au plus une petite anecdote que vous pourrez évoquer avec un sympathique sourire pour gagner un peu de temps.
Le recruteur veut savoir s’il vous arrive fréquemment d’enfreindre les règles de l’entreprise, c’est-à-dire si vous passez outre sans hésiter ou bien si dans une situation déterminée, vous avez certes décidé d’ignorer la consigne, mais en pesant avec circonspection le pour et le contre – justement parce que c’était la meilleure solution pour "la cause".
Il s’agit par conséquent de vérifier si vous êtes en mesure de pondérer et de prendre des décisions bien réfléchies.
En répondant, faites néanmoins attention : d’une part, le recruteur ne doit pas avoir l’impression de se trouver face à un non-conformiste invétéré ("je fais toujours ce que je veux") ou à un original ayant l’esprit de contradiction ("mon supérieur me répétait sans cesse que je devais respecter les consignes") ni à un apôtre de l’obéissance aveugle ("mais non, je respecte toujours toutes les consignes").
4) Quelle serait la plus-value dont bénéficierait l’entreprise en vous embauchant ?
Une question que les recruteurs aiment poser et qui ne doit pas vous déstabiliser. Vous pouvez vous y préparer de manière ciblée en analysant le profil de l’emploi que vous postulez et en filtrant les points positifs correspondant de votre propre profil.
Mentionnez également des qualités telles que votre absolue fiabilité et/ou votre grande motivation.
Evoquez aussi que vous vous identifiez avec la philosophie et culture d’entreprise et que le poste que vous postulez vous semble correspondre tout particulièrement à votre profil. Faites appel aux émotions. Exemple : "Je suis convaincu que je me sentirai très à l’aide dans cette entreprise".
5) Quelles sont les trois grandes qualités qui vous manquent ?
Il n’y a aucune raison pour que cette question vous déstabilise car vous pouvez vous y préparer sans difficulté. Réfléchissez avant l’entretien à ce que vous pourriez mentionner et soulignez qu’il s’agit selon vous de qualités insuffisamment développées, par conséquent susceptibles d’évoluer.
Exemple : Vous êtes éventuellement trop consciencieux et vérifiez votre travail plusieurs fois avant de le présenter. Ajoutez que ceci est dû à votre volonté de fournir un excellent travail et non pas à un manque de compétence professionnelle.
Il peut également être opportun de mentionner un détail que votre interlocuteur a déjà noté au cours de l’interview. Exemple : vous n’arrivez pas à "vous vendre" comme le mériteraient votre profil et les accomplissements professionnels dont vous pouvez être fier.
6) Quels sont les livres ayant influencé votre parcours ?
Une manière de formuler le dicton "dis-moi ce que tu lis et je te dirai qui tu es". Ne répondez surtout pas : "Aucune idée, je n’ai pas le temps de lire" ou bien "je ne lis que des bandes dessinées".
Si vraiment vous ne lisez pas ou trop peu de livres, reportez-vous sur les plateformes d’actualités sur Internet. A part cela, soyez prudent à l’égard des thèmes d’actualité politique ou sujets épineux ainsi que par rapport aux auteurs "contestés".
Et il est bien évident qu’il n’est pas opportun de mentionner le numéro 1 des listes de best-sellers si vous ne l’avez pas lu : gare au retour de manivelle !
Prenez aussi toutes vos précautions en citant des ouvrages, souvent rédigés en série, par exemple par des soi-disant experts en management ou des "conseillers de vie" qui ne vendent que des lieux communs. Vous ne savez pas ce qu’en pense le recruteur.
7) Quel est l’effet que je fais sur vous dans cet entretien d’embauche ?
Cette question particulièrement épineuse est un véritable piège que vous tend le recruteur. Ne commencez pas à chanter ses louanges et à lui faire des compliments ou à confirmer que vous vous êtes "vraiment senti à l’aise avec lui".
Même s’il vous demande de procéder à une critique constructive et que vous avez l’impression que sa requête est sans arrière-pensée, ne vous avancez pas sur ce terrain.
Passez au méta-niveau et dites avec un gentil sourire exempt de toute ironie : "Cela fait un peu l’impression d’une petite question piège. Pourrions-nous rebondir sur le descriptif de poste ? J’ai encore une question à vous poser à ce sujet…".
8) Quelle importance accordez-vous à l’argent ?
Ne répondez pas "l’argent ne joue aucun rôle pour moi" ou encore "ce n’est pas vraiment important" : si c’était vraiment le cas, le recruteur pourrait éventuellement vous demander pour quelle raison vous voulez travailler, pourquoi vous avez posé votre candidature et vous devrez peut-être accepter un maigre salaire.
Evoquez qu’un travail de qualité mérite aussi d’être rémunéré en conséquence. Toute société vise à enregistrer des bénéfices, il en est de même pour vous : vous voulez nourrir votre famille, financer une maison, etc.
Mais attention : votre ton ne doit pas prendre une note provocatrice, restez calme et aimable.
9) Quelle est la plus grande folie que vous ayez commise ?
Si vous avez demandé votre compagne en mariage à minuit sur le toit d’un gratte-ciel à Hongkong, si vous avez aidé votre ami atteint d’une maladie mortelle à s’échapper pour une nuit en cachette de l’hôpital pour lui faire passer une soirée inoubliable, si vous avez offert à votre sœur un sac à main horriblement cher pour la consoler après son divorce – aucun problème, n’hésitez pas à en parler !
Mais gardez le silence sur toute décision professionnelle de type "folie" prise dans votre dernière entreprise, surtout si elle a entraîné un échec.
L’objectif de cette question est de définir à quel point vous êtes créatif et si vous êtes en mesure de quitter les sentiers battus.
10) Avez-vous une marotte ?
Dans un premier temps, il faut se demander ce que le recruteur entend par là. En effet, il existe toute une série de mots plus ou moins synonymes. Profitez donc de l’occasion pour lui demander de préciser.
Une marotte, ou caprice, idée fixe, manie, folie, toquade, dada… est une habitude quelque peu singulière, par conséquent soyez prudent en répondant à cette question !
Vous êtes somnambule, vous vous frottez excessivement souvent les oreilles ou vous reniflez fréquemment dans les situations stressantes, vous tirebouchonnez une boucle de cheveux lorsque vous vous ennuyez, vous ressentez le besoin de vous laver sans cesse les mains ou pire… - n’en parlez surtout pas (et essayez de vous déshabituer aussi vite que possible !).
Mais il existe sûrement un certain nombre de "bizarreries" tout à fait sympathiques que vous pourrez évoquer. Exemples : vous emmenez votre porte-bonheur partout avec vous ou bien vous achetez systématiquement un billet de loterie un vendredi 13.
11) Vous me semblez avoir trop peu d’expérience pour cet emploi, non ?
Face à cette question, il s’agit de convaincre votre interlocuteur qu’il fait erreur : en effet, c’est justement parce que vous avez éventuellement peu d’expérience (ne répétez pas la tournure "trop peu d’expérience" qu’il a employée) dans ce domaine que vous serez en mesure d’apporter un vent nouveau et de faire face aux challenges de manière moins conventionnelle.
Soyez sûr de vous (raisonnablement !) et évoquez les points positifs inscrits à votre "compte de compétences".
12) Qu’avez-vous fait entre … et … ?
Le recruteur vous demande d’expliquer l’une ou l’autre grosse lacune dans votre curriculum vitae. Restez calme et aimable. Si cela dérangeait le recruteur (ou l’entreprise), on ne vous aurait pas invité à l’entretien d’embauche.
Expliquer les "périodes sans" dans votre CV avec de petites tricheries, voire avec des mensonges, n’est pas une bonne solution car tôt ou tard, le pot aux roses sera découvert.
Ne dites pas non plus qu’il s’agissait d’une période pendant laquelle vous n’aviez "aucune envie de faire quoi que ce soit". Essayez plutôt de fournir des explications positives.
Exemples : Evitez le terme "chômage", écrivez plutôt "à la recherche d’un emploi". S’il s’agit d’une période sans emploi prolongée, il est certainement judicieux de préciser que vous avez profité de l’occasion pour, par exemple, approfondir vos connaissances de langue ou d’informatique-bureautique.
De même, un séjour prolongé à l’étranger est considéré comme élément positif car il est synonyme d’expériences enrichissantes "pour la vie". Une période consacrée à soigner un parent malade ou un congé parental pour s’occuper de son enfant fait aujourd’hui également partie des atouts.
Et finalement, les "périodes de réorientation" ne sont plus considérées d’un œil critique de nos jours, mais représentent plutôt une expérience précieuse dans le parcours personnel.
Conseils d’ordre général
Dans certains cas, une petite prise d’humour est tout à fait opportune. Ceci vous permet au moins de gagner un peu de temps pour répondre.
Exemple :
Question : "Quels sont vos points faibles ?"
Réponse : "Points faibles ? Combien de temps me donnez-vous pour répondre ?"
Néanmoins, n’en abusez pas et gardez un sympathique sourire sur les lèvres, sans paraître provocateur. Ne tardez pas reprendre votre sérieux pour répondre à cette question.
Provocation
Face à toute question entrant dans la catégorie "pure provocation", demandez d’un ton serein : "C’est une question sérieuse ?". Si le recruteur répond "oui", demandez-vous si vous voulez vraiment travaillez dans une entreprise qui met en œuvre de telles pratiques.
Exemples :
- Pensez-vous vraiment faire impression avec cette tenue vestimentaire ?
- Vous ne pensez pas que ce serait plus bénéfique pour votre santé si vous perdiez quelques kilos ?
- Qu’est-ce qui vous est passé par la tête en vous coiffant ce matin ?
- Pourquoi arrivez-vous en retard ? (alors que vous êtes ponctuel)
- etc.
Vous n’êtes pas obligé de répondre à ce type de questions ni d’accepter des commentaires vexants rappelant plutôt des castings télévisés.
(Giselle Chaumien-Wetterauer, GCW Communications, mai 2010 / Illustration: PictureArt, Fotolia.com)
Evitez les pièges en laissant les recruteurs venir à vous
Indiquez clairement aux recruteurs que vous êtes en recherche d’emploi ou à l’écoute du marché afin de les faire venir à vous ! Comment ? En déposant votre CV dans une CVthèque qualifiée, par exemple.
La CVthèque Monster n’est accessible qu’à nos recruteurs partenaires et permet de filtrer précisément les profils recherchés. Pas de démarchage hasardeux donc, ni de questions pièges en prévision : laissez les recruteurs venir à vous !