Chimiste: entrée, promotion et revenu
Les chimistes sont toujours très demandés sur le marché de l´emploi et peuvent escompter des salaires supérieurs à la moyenne - à condition qu’ils soient ouverts pour des tâches en dehors de leur spectre d´activité classique. [04.09.2007]
Celui qui fait des études de chimie - que ce soit dans une haute école spécialisée, à une université ou une école polytechnique fédérale (EPF) - n’apprend pas seulement les propriétés du chrome, du molybdène etc, mais aussi à pipéter, à distiller et à transformer la structure cristalline. Les étudiants en chimie passent plus de temps en laboratoire que dans les amphis. Mais lorsqu’ils commencent à travailler, la plupart d’entre eux laisse tomber la blouse et travaille de façon plus conceptionnelle que pratique.
« Aujourd’hui, ce sont les laborantins et les diplômés des hautes écoles spécialisées qui se chargent en grande partie des anciennes tâches du chimiste universitaire classique, par exemple dans la synthèse organique », nous dit Paul Vesel de la société industrielle SGCI/SSIC Chemie Pharma Schweiz. Mais cela ne siginifie pas qu’un chimiste venant d’une école spécialisée ait par principe moins de chance de monter en grade que son collègue venant d’une université. Ce qui compte pour le succès dans le métier, ce sont les aptitudes personnelles, surtout que ce que l’on a appris pendant les études a souvent peu de choses en commun avec les capacités nécessaires dans le quotidien professionnel.
De bonnes chances de trouver du travail
Dans l’ensemble, la situation sur le marché du travail est positive pour les chimistes, souligne Vesel : « Même si des entreprises suppriment des postes dans certains secteurs, elles cherchent ailleurs des employés qualifiés. » Ce sont surtout ceux qui sont ouverts à de nouvelles tâches qui ont les meilleures chances.Vesel qualifie le nouvel arrêté de l’UE concernant les produits chimiques (appelé Reach) de défi pour la branche - à cause de l’import-export, celle-ci concerne également les entreprises en Suisse.
« Les entreprises doivent réfléchir à la manière dont elles peuvent venir à bout de la situation », nous dit Vesel. Il est à supposer que l’on engagera de plus en plus de chimistes prêts à s’initier à la structure et à l’organisation des tests de produits chimiques, au traitement et à l’enregistrement de données ainsi qu’aux questions juridiques et logistiques qui y sont liées.
De plus, on demande aussi une formation toxicologique complémentaire. C’est aussi avec des matières secondaires transmettant des bases commerciales que les étudiants en chimie peuvent se préparer aux exigences de l’industrie. L’Université de Zurich propose même une filière de chimie économique. En plus des mathématiques, de la chimie et de la physique, l’emploi du temps contient de la gestion d’entreprise et de la comptabilité.
La branche s’agrandit à l’étranger
La plupart des chimistes fraîchement diplômés ajoute à leurs études un doctorat de trois ou quatre ans. Dans l’industrie, le titre de docteur est toujours une bonne référence, souligne Paul Vesel. Après la thèse, celui qui ambitionne une carrière de chercheur passe souvent un à deux ans dans un institut de recherches étranger renommé en tant que post-thésard. Pour une carrière académique, c’est de toute façon un « must ».
Même les débutants dans l’industrie profitent de leurs expériences à l’étranger et d’excellentes connaissances en langues étrangères, car à l’heure de la mondialisation, la coopération internationale devient de plus en plus importante. Ainsi, les entreprises de l’industrie chimique et pharmaceutique suisses croissent surtout à l’étranger : le nombre des employés à l’étranger dans les dix premières entreprises de la branche a augmenté de 25% de 1997 à 2005, pour des chiffres à peu près constants pour le personnel en Suisse. Des 250.000 employés des entreprises de l’industrie chimique et pharmaceutique suisses, environ 60.000 travaillent dans le pays.
Fondateur d’entreprise ou chercheur ?
Celui qui choisit une carrière dans l’industrie chimique et pharmaceutique locale a le choix entre les géants de la branche - tels que Roche, Novartis, Ciba ou Clariant - et environ 1000 petites et moyennes entreprises. Mais la taille de l’entreprise ne devrait pas être le critère décisif pour ceux qui sont à la recherche d’un emploi. Les petites entreprises vont souvent mieux, comme le montre l’exemple d’Ems-Chemie : cette entreprise d’environ 2000 employés, majoritairement en possession de la famille Blocher, se présente en ce moment comme l’entreprise chimique la plus rentable de la Suisse. Mesuré à la marge de l’Ebit, le groupe Lonza fait meilleure figure que les géants Clariant et Ciba, lesquels souffrent de la concurrence chinoise et se voient obligés de mettre en place des programmes économiques.
Que ce soit dans une PME ou un géant de la branche : la palette des activité des chimistes est exceptionnellement large. Ils ne sont pas seulement sollicités dans la production et dans les départements de recherche et de développement, mais tout autant dans le contrôle de qualité, où ils assument la responsabilité d’un chef de laboratoire. Les entreprises de l’industrie chimique aiment attribuer des positions de cadres dans le marketing et la vente et des postes dans les relations publiques et de presse à des chimistes, qui, pour cela, ne devrait pas seulement etre compétents dans leur matière, mais aussi particulièrement forts en communication. De plus, les chimistes peuvent trouver des postes intéressants dans la politique et l’administration, par exemple dans les services d’hygiène ou les offices des brevets.
Celui qui en plus de ses connaissances dans le domaine a aussi des connaissances en gestion a en outre de bonnes chances de commencer en tant que cadre dans un start-up - ou pourquoi ne pas fonder sa propre entreprise ? Ce sont surtout les zones de la nanotechnologie et de la biotechnologie qui offrent des créneaux pour les chimistes créatifs ayant le sens des affaires.
Des salaires au dessus de la moyenne
En octobre 2004, l’Association Suisse des Chimistes diplômés HES (SVC) a présenté les résultats d’un sondage sur les salaires fait parmi ses membres. Il en ressort que les nouveaux dans la profession gagnent en moyenne 80.000 CHF par an, gratifications et primes incluses.
Après 15 ans d’ancienneté, ils ont augmenté leur salaire jusqu’à 100.000 ou 150.000 CHF par an. Les chimistes avec un diplôme universitaire (université ou EPF) peuvent escompter environ 800 CHF de plus par mois, dit-on à l’Association Suisse des Employés, qui relève également les salaires dans le secteur de l’industrie chimique et pharmaceutique.
La branche de l’industrie chimique et pharmaceutique fait traditionnellement partie des branches professionnelles payant bien. Le revenu moyen est environ 6% plus haut que celui de la construction mécanique, laquelle est elle aussi dotée au dessus de la moyenne. Des études de chimie valent donc la peine qu’on se donne.
(Uta Neubauer / photo: Photo Alto)